Anne-Marie Voisard – Un colloque stimulant


Puisque le blogue reste ouvert, et que l'invitation à revenir nous est lancée, voici donc quelques impressions au lendemain de ce colloque que j'ai trouvé hautement stimulant. Mobilisateur!

L'idée de faire appel à quelques anciens du métier fut fort appréciée, à tout le moins par les gens de ma génération. Joan Fraser a dit: «C'est dans le sang, être journaliste». Elle a bien raison. Tant qu'on a la santé, on veut continuer. De plus, le fait de ne plus être quotidiennement sur le qui-vive procure un recul. Une liberté nouvelle.

J'aurais aimé toutefois que plus de collègues, chez les syndiqués, prennent part à l'exercice. Ce sera pour une prochaine fois. Car il faut souhaiter que d'autres rencontres suivent. Et celles-là avec le public. Et aussi les boss.

Aidan White, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, s'est exprimé sans équivoque là-dessus, dans un atelier où j'étais. Le débat sur les médias et la démocratie ne peut aboutir en l'absence des patrons de presse. Qu'on discute maintenant entre nous, c'est un départ. Mais il faut élargir la participation aux artisans de la concentration et de la convergence.

Concentration. Convergence. Deux mots répétés à satiété lors des interventions, comme autant de menaces à la diversité dont dépend la qualité de l'information. Sauf que, malheureusement, notre discours n'atteint pas le public, ou si peu. À preuve, la vidéo présentée en plénière, samedi. Révélatrice du fossé qui nous sépare (on ne parle pas le même langage). Et de nature à calmer nos élans de vedettariat pour nous ramener sur le plancher des vaches.

«Les faits d'abord et avant tout», écrivait sur ce blogue le collègue Gilles Lesage. «Ce qu'il faut, c'est des nouvelles», a dit la présidente de la Newspaper Guild of America, Linda K. Foley, dans son allocution en séance de clôture, dimanche. Ils affirment la même chose. L'abus d'opinions (ou de papotage) lasse. Surtout lorsqu'on ne s'est pas donné la peine de fouiller au préalable pour informer correctement.

L'autocritique s'impose. Notre assemblée a d'ailleurs manifesté une ouverture à ce sujet. Il faut s'en réjouir. Ça repose de la cassette qui appelle inlassablement à dénoncer, toujours dénoncer. De plus, notre crédibilité, qui n'est pas très haute, a toutes les chances d'y gagner.

Je m'arrête, en terminant, à un grand moment de ce colloque: la visite de Denis Bolduc, président du syndicat des lock-outés du Journal de Québec. Plus que ce qu'il a dit, c'est le mouvement de solidarité provoqué par sa présence, qui impressionne. Les journalistes sont encore capables de se mobiliser pourvu qu'une cause leur tienne à coeur.

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Anne-Marie Voisard, qui demeure active comme journaliste indépendante, a pris sa retraite du quotidien Le Soleil en 2006. Elle y avait été embauchée en 1961 pour travailler aux pages féminines. Après avoir quitté le journal quelques années pour compléter un bac en pédagogie, elle y revient et se retrouve, au moment de la création des cégeps, affectée à l'éducation. Comme journaliste, elle a touché à tout: littérature, éditorial, dossiers à caractère social... Au cours de ses six dernières années au Soleil, elle a supervisé les stages en journalisme. De sa carrière, on retient deux faits parmi d'autres: en 1980, elle reçoit le prix Judith-Jasmin pour une série d'articles, Alcool et Travail. Pour elle, c'est un baume, au terme d'une bataille qui l'a menée jusqu'en Cour suprême. La cause? Un texte jugé trop critique par le directeur de l'information d'alors, qui lui en avait substitué un de son cru.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Anne-Marie. Bien sûr, le colloque fut stimulant pour les neurones. Mais on fait quoi à présent pour atténuer les maux dont souffre le journalisme? "Les faits d'abord et avant tout", c'est une belle formule, mais on l'adresse à qui? Les profs de journalisme le savent. Les jeunes aussi. Peut-être pas les blogueurs mais s'ils ont décidé que nous, journalistes, sommes de vieux croûtons, ce ne sont pas nos conseils qui vont les perturber. Aux patrons, qui ont décidé que c'était la meilleure façon de faire des sous?

Non, je continue de croire qu'en se concentrant sur le journalisme tel que nous voudrions qu'il soit, nous faisons fausse route. Il me paraît à moi aussi dommage que relativement peu de syndiqués aient pris part à l'exercice, sachant que sans leur aide, ce sera très difficile de bâtir cette solidarité entre les générations dont parlait François Demers, et cette solidarité avec les précaires dont parlait Aidan White.

gerardfoyers a dit…

ou est henri jalbert ?